La quatrième heure de la matinée vient de sonner au cadran d’Olibrus.
Il faudrait que je fasse un petit lexique inversé de mes délires nocturnes et diurnes.
Ce cadran d’Olibrus est en lien avec le cadran d'Apollonius de Tyane.
Quant à cet homme de délire(s) que je suis, il est en rapport avec celui qui était notre vénéré maître, Louis-Claude de Saint-Martin, et son livre "L'Homme de désir", du désir de Dieu évidemment. Et comme ce Dieu s'est évaporé, je suis moi-même à la recherche du concept, des mots de substitution.
Je dois aussi expliquer pourquoi ce Martinisme est inconnu car, en définitive, il est à créer. Il n'existe pas encore, il n'est qu'en gestation quelque part dans ma tête, mais pourrait aussi se constituer quelque part dans la conscience de tout un chacun ou chacune qui voudrait me suivre. Non pas pour adorer ma pensée d’humain, mais l’emprunter et la poursuivre tel un chemin pour construire la leur à travers le Martinisme qui formera peut-être un jour cet édifice commun et multiforme.
Un Martinisme où chacun n'est pas sous le poids des dogmes, mais où chacun est libre dans sa conscience, libre face à l'univers, libre face à la nature, libre face aux hommes, libre dans sa pensée.
Pas cette liberté telle qu'on la retrouve dans le christianisme, où face aux dogmes on a le choix de les accepter ou non. Quel choix, en vérité ! Quelle hypocrisie tyrannique ! Vous êtes libre, mais à part ça, fermez votre bec dans le chant de la vérité qui s’éveille ! Cela, je n'en veux pas ! Ce n'est pas possible, c'est à côté de la liberté, de la libre pensée et de la pensée libre.
Certes, la nature dans laquelle nous vivons nous impose des contraintes, celles des lois actuelles de la nature et de l’univers. Mais ces lois, j’en ai l’intime conviction, changent au fil du temps et des équilibres obtenus, rompus, puis à retrouver. Pour le reste, dans notre pensée, cela devrait fonctionner librement, même si malheureusement, la manière dont nous sommes constitués - notre corps, nos neurones et notre manière de penser - est toute emplie de contraintes imposées par notre nature.
Ces agitations dans mon cerveau me font penser à cette lutte de Jacob et de l'ange sur le chemin qui devait le mener, je ne sais plus où... Je regarderai demain. Le rituel Martiniste convient globalement, mais il y a des pierres d'achoppement à son caractère universel. Les plus gros écueils sont la prière à la fin avec les "Ave" et les "Notre Père". C'est intenable, tout le monde ne s'y retrouve pas. Il faut une chaîne d'union bien plus consensuelle.
Ce qui ne tient pas non plus, c'est ce point du rituel où l'on serait en présence réelle de nos Maîtres qui sont passés de l'autre côté du miroir. Cela fait très spirite ou culte des ancêtres, si on n'y prend garde. Il faudrait une explication, une mise en contexte, ou une stratégie à découvrir.
Ce qui me torture le plus et va être très compliqué à résoudre, c'est le statut inamovible, quasi papal, du Maître Initiateur et du Grand Maître. Un être humain ne peut indéfiniment tenir le pouvoir parce que son pouvoir est sacralisé. D'abord, ce côté sacralisé, il faudrait arrêter de le projeter sur la consécration d'un prêtre ou d'un pontife. Quant à ce pouvoir qui ne s'arrête pas, connaissant l'homme, c'est du pur poison à effet lent. Avec des êtres humains, dès que le pouvoir est détenu trop longtemps, cela monte à la tête, gonfle le cou. Le poste de radio se prend pour l'émetteur, nous partons irrémédiablement à la dérive tyrannique et totalitaire.
Regardez ces groupes initiatiques Martinistes et Maçonniques, ils passent leur temps à rassembler ce qui était épars, puis à éparpiller ce qui était rassemblé pour être multiplié, démultiplié, groupes sous-groupes, opposants, schismes, guerres saintes ! Cette détention immuable combine les bombes à retardement, la mine, la bombe atomique et à fragmentation ! L'horreur parmi les horreurs ! La saleté des saletés ! L'arme et les larmes de destruction massives !
Il faut trouver cette plateforme consensuelle où nous puissions tous nous rassembler tout en restant fidèles à nos convictions, pour autant que ces dernières soient respectueuses des libertés de chacun et de tous.
Ce passage par les rituels est-il forcément obligatoire ? Ne peut-on pas, à l'image de Spinoza, cheminer seul ou en tout cas globalement seul ? Car il y a, je pense, des choses que l'on ne peut découvrir que par soi-même et d’autres où il faut parfois être accompagné. Les deux sont complémentaires, mais je pense que l'on ne peut pas dresser une liste stricte. Ce qui nécessite un accompagnement ou non varie selon le chercheur.
Ce qui me questionne encore, et constitue à la fois mon talon d’Achille et la force motrice de ma pensée, c’est ma conviction qu’il n’y a pas de surnaturel. Il y a seulement des mystères qui ne sont pas encore résolus, comme la non-compatibilité actuelle entre la théorie de la relativité d’Einstein et la physique quantique. Les phénomènes que l'on pourrait qualifier de surnaturels, je n'en ai jamais personnellement croisés, mais d'autres me disent en avoir rencontré. Que faire avec cela ? Est-ce un biais psychologique de perception et d’interprétation, ou une réalité cachée qui n'attend qu'à être révélée ? Qu'en fais-je ? Vais-je les classifier dans les catégories des techniques A ou B où la Science et ses limites s'oppose aux explication irrationnelles, rassurantes et fausses, comme mon professeur de philosophie Robert Joly me l'avait expliqué, ou est-ce une manifestation d'autre chose, quelque chose de plus profond, voire mystérieux ?
Un mystère aussi obscur que la lutte nocturne de Jacob avec l'ange. Une énigme que je devrai décortiquer demain, au lever du jour. Mais pour l'instant, ces questions restent suspendues dans la nuit, flottant comme des étoiles inaccessibles dans le firmament de ma pensée.
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