Ce lundi, très tôt le matin, alors qu'il faisait très froid dehors, mon cerveau commença à nouveau à m'inspirer au moment le plus inopportun du sommeil. Comme à l'accoutumée, je saisis mon fidèle téléphone pour faire une dictée vocale. Lors du repas de ce dimanche, ma mère me demanda, entre la poire et le fromage, les raisons de mon incroyance. Elle s'imaginait naïvement que cela était dû à l'influence d'un mentor, d'un professeur de philosophie à l'université, ou encore à celle de certains courants particuliers que j'aurais fréquentés durant mes études ou mon cheminement en Maçonnerie. Elle ne semblait pas réaliser qu'il n'y avait eu aucune contrainte, aucune pression, juste une lente décantation et quelques désillusions liées à la pratique des techniques B et à la découverte de leurs limites. Oui, jadis, j'étais convaincu de l'existence de Dieu, mais un jour, j'ai fini par lui dire adieu. J'ai donc dû lui expliquer, comme je vous l'ai déjà décrit dans les pages précédentes, que pour moi, cela était venu progressivement et spontanément. Peut-être aussi, plus pragmatiquement, sommes-nous le reflet philosophique de nos fréquentations et interactions. Comme le Petit Prince mordu par le serpent de la science, pouf ! Dieu s'est volatilisé !
Comme elle se questionnait sur mes motivations, le sens, la valeur que je donnais encore à la vie, je lui ai donc expliqué que je n'avais pas besoin d'un Dieu pour me questionner sur ma place dans le monde et que la contemplation de l'univers me suffit. De cette observation médiative, j'ai conclu que la place de l'humain est complètement insignifiante, comme dans les pensées de Pascal et sa philosophie, je conclu qu'il est un roseau pensant mais qu'il a la potentialité d'en jouer de la flûte plus ou moins juste. Nous sommes une micro-étincelle dans les ténèbres, face aux grands luminaires célestes, mais nous sommes issus du miracle de l’union de la vie et de l'intelligence, même si nous en faisons un déplorable usage. Ma foi est dans l'humain, la raison et la relation de l'homme à son prochain. Je les aborde le plus possible avec bienveillance, tout en sachant qu'il y a toujours des coups de poignard qui risquent de se perdre entre les étreintes fraternelles. Il ne faut pas être naïf. La coopération et la robustesse oui, mais la compétition et la performance règnent encore plus et sèment des obstacles sur le chemin de l'évolution spirituelle du genre humain.
Nous vivons dans un monde et un univers qui connaissent des organisations, mais ce sont des organisations instables. Nous vivons dans un monde de chaos, au sens mathématique du terme. Ce monde a-t-il une conscience ? Je n'en sais fichtre rien, mais je cherche. Je ne trouverai probablement pas, mais je cherche néanmoins et j’espère pouvoir continuer jusqu'à la fin et pouvoir laisser un message.
Mais en contemplant l'univers, pour un humain, pour un être vivant doué de conscience et d'intelligence, quoi de plus angoissant que quelque chose dont on ne sait pas ce qu'il va devenir, ni ce qu'il a été ?
En paraphrasant Épictète, il faut accepter que dans ce monde, il y a des choses sur lesquelles nous avons une prise et d'autres pas. Pour les choses sur lesquelles nous avons une prise et pouvons agir avec intelligence, faisons de notre mieux en sachant que nous avons des comptes à rendre à l'Humanité. Pour celles sur lesquelles nous n'avons pas de prise, tâchons de faire de notre mieux en notre âme et conscience, mais en lâchant prise et en nous efforçant de ne pas nous torturer inutilement.
Ce n'est pas évident de synthétiser sa pensée quand les données sont aussi complexes. Et pourtant, selon mes observations, les jeunes générations ont besoin d'une spiritualité, mais elle devra être nouvelle. L'application stricte des vieux textes des livres sacrés doit être revue à l'aune de l'évolution ou de la dégringolade du monde. Sinon, nous allons subir le retour en force des techniques B et des tyrans malveillants qui les accompagnent. C'est ce que l'histoire du monde m'enseigne.
Regardez les civilisations, leur croissance et leur chute. Un jour, l'équilibre se rompt pour des raisons dynamiques qui n'ont rien à voir avec la bonne ou la mauvaise conduite, mais parfois à cause d'interactions de l'univers et au sein de la Terre qui n'ont rien à voir avec la conduite de l'homme. Mais l'homme croit qu'il a fauté. Pour l'éruption d'un volcan, la chute d'un météorite, désolé, cela ne tient pas, même pour les malheureux de Sodome et Gomorrhe où l'on a trouvé une faute a posteriori. A ce train les dinosaures du jurassique ont fauté ! C'est une causalité linéaire. Par contre, pour cette ère de l'anthropocène, il y a une erreur au départ qui devient faute car nous refusons de voir la réalité en face pour des raisons purement lucratives ou de confort à court terme. Ici, nous sommes dans une causalité circulaire. Et là, nous devrons rendre des comptes aux générations futures qui risquent bien de nous haïr pour notre égoïsme.
Pour les causalités linéaires pures, il n'y a pas de responsabilités, sauf dans la gestion de l'après. Pour les causalités circulaires, le monde des vivants nous demandera des comptes à travers nos enfants et petits-enfants.
A bon entendeur ..
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